Bitcoin au cœur du débat. La ville de Belo Horizonte, au Brésil, est devenue le théâtre d’une intense bataille politique autour d’un projet de loi qui pourrait faire de la ville la « capitale du Bitcoin ». Ce projet, porté par le conseiller municipal Vile Santos, vise à permettre l’utilisation du bitcoin pour le paiement des taxes municipales et à encourager son adoption dans le commerce local. Cependant, il a provoqué une polarisation marquée entre les membres du Parti Libéral (PL), favorables à la proposition, et ceux du Parti des Travailleurs (PT) et du Parti Socialisme et Liberté (PSOL), qui s’y opposent fermement.
- La ville de Belo Horizonte a été au centre d’un débat intense autour d’un projet de loi visant à faire de la commune la « capitale du Bitcoin ».
- Le projet de loi « Bitcoin Livre », approuvé en premier tour, pourrait permettre d’utiliser le Bitcoin pour payer les taxes municipales, suscitant une vive opposition politique.
Bitcoin : un outil de liberté ou un danger économique ?
Avec vingt votes pour, huit contre et six abstentions, le projet de loi 124/2025 a été approuvé en premier tour par la Chambre municipale de Belo Horizonte. Ce texte, intitulé « Bitcoin Livre », permettrait à la ville d’accepter le bitcoin pour le paiement des impôts et des taxes municipales, tout en promouvant son utilisation dans le commerce local.
Pour Vile Santos, ce projet est une réponse à la dépréciation des monnaies fiduciaires et à l’inflation galopante. Il voit ainsi le bitcoin comme un moyen de protéger les citoyens contre l’intervention de l’État dans l’économie :
« Il est nécessaire de retirer l’État de votre argent. Un État qui perçoit de plus en plus d’impôts sur le citoyen, qui augmente de plus en plus sa base monétaire. Un État qui n’a aucun intérêt à faire en sorte que sa monnaie s’apprécie chaque jour. »
Vile Santos, conseiller municipal, membre du Parti Libéral (PL) – Source : Cointelegraph
Cependant, cette vision est loin de faire l’unanimité. La conseillère municipale Luiza Dulci, du PT, a critiqué l’idée que le Bitcoin puisse être un outil de liberté économique. Elle a remis en question la capacité de la cryptomonnaie à générer de la valeur pour l’économie locale :
« Nous parlons d’une économie qui accumule, et non d’une économie qui génère et distribue des revenus pour les gens. Quel type d’emploi est ou peut être créé avec l’adoption du Bitcoin ? »
Luiza Dulci, conseillère municipale, membre du Parti des Travailleurs (PT) – Source : Cointelegraph


Bitcoin : un débat idéologique et politique
Le débat autour de ce projet de loi a rapidement pris une tournure politique. Les partisans du PL ont ainsi défendu le bitcoin comme un rempart contre l’interventionnisme étatique, tandis que les opposants du PT et du PSOL ont dénoncé une initiative idéologique sans lien avec les besoins réels de la ville.
Pedro Roussef, du PT, a d’ailleurs vivement critiqué la proposition, la qualifiant de « projet qui n’a rien à voir avec la ville, juste pour donner une tribune aux factions idéologiques ».
De son côté, Vile Santos a tenté de désamorcer la polémique en affirmant que Bitcoin n’était pas une question d’idéologie, mais d’innovation économique. Il a souligné que même des membres de la famille du ministre des Finances, Fernando Haddad, occupaient des postes importants dans des entreprises liées aux cryptomonnaies, comme Binance.
Le projet de loi doit encore passer un second tour de vote avant d’être soumis à la sanction ou au veto du maire Álvaro Damião. Si elle est adoptée, Belo Horizonte pourrait donc devenir la première grande ville brésilienne à accepter le bitcoin pour le paiement des taxes municipales, marquant ainsi un tournant majeur dans l’adoption des cryptomonnaies au niveau local.
Ce débat à Belo Horizonte illustre la manière dont les cryptomonnaies, et en particulier le bitcoin, sont devenues un enjeu politique majeur au Brésil et dans le reste du monde. Alors que certains voient dans ces technologies un moyen de moderniser l’économie et de protéger les citoyens contre l’inflation, d’autres craignent qu’elles ne servent qu’à alimenter des discours idéologiques et à détourner l’attention des problèmes économiques réels.